• Le Liminalisme : un nouvel élan artistique pour un monde en quête d’équilibre

    Dans un monde traversé par des déséquilibres profonds, un monde saturé d'images, d'informations et de réifications, un nouveau courant artistique émerge : le Liminalisme. Porté par un esthétisme discret et subtil, à la croisée des espaces, de la conscience, et de la réflexion existentielle, ce mouvement se présente comme une réponse sensible et lucide à deux dérives majeures de notre époque.

    Le premier fléau que le Liminalisme entend éclairer est l’ignorance persistante à l’égard de la nature de l’esprit humain. Trop souvent réduit à un simple outil d’analyse, de débat d’idées ou d’idéologies, l’esprit est aujourd’hui utilisé comme une machine, enfermé dans un système de points de vue sans profondeur intérieure. Cette vision mécanisée de l’homme – qui a d’ailleurs conduit à la création de machines artificielles de plus en plus puissantes – éloigne l’individu de sa véritable nature. Le Liminalisme, en cultivant des expériences artistiques silencieuses, contemplatives et ouvertes à l’intuition, invite à sortir de cette logique enfermante pour retrouver une relation plus directe, vivante et ouverte avec soi-même et le monde.

    Le deuxième fléau contre lequel ce courant se positionne est la course effrénée vers le tout-technologique, souvent au détriment de notre potentiel humain authentique. En valorisant la création manuelle, l’expérience sensible et la présence au moment, le Liminalisme rappelle combien l’acte de créer avec ses mains, de ressentir avec son corps et de contempler avec son esprit est fondamental pour ne pas se perdre dans un monde de plus en plus virtuel et dématérialisé.

    Sans être religieux, mais profondément spirituel dans son approche, le Liminalisme propose une voie nouvelle : celle d’un art qui relie, qui apaise, et qui ouvre à des états de conscience plus vastes. Il ne s’agit pas de produire pour produire, ni de séduire par le spectaculaire, mais de créer des passages — des “limens” — entre les mondes visibles et invisibles, entre le bruit extérieur et le silence intérieur.

    Dans ce sens, le Liminalisme n’est pas seulement un courant artistique, mais un acte de résistance poétique, un appel à la réconciliation entre l’homme et sa propre nature.

    MANIFESTE LIMINALISTE

    1. Le Liminalisme est un art du passage. Il ne décrit pas, il ne crie pas, il ouvre. Il ouvre des espaces perceptifs, des instants suspendus, où quelque chose de plus vaste peut être pressenti.

    2. Contre l’homme-machine, le Liminalisme réhabilite l’esprit vivant. Il ne s’agit pas de penser davantage, mais de penser autrement. De sentir au lieu de réagir. D’observer plutôt que d’imposer.

    3. Le Liminalisme est non religieux mais  spirituel. Il reconnaît l’immensité de l’expérience humaine sans la réduire à un système ou une croyance.

    4. La main est mémoire. Le geste créateur, la matière sont des lieux de conscience. Le Liminalisme défend la création lente, enracinée, essentielle.

    5. Le silence est un matériau. Le vide, l’absence, la marge ne sont pas des manques : ce sont des pleins. Le Liminalisme travaille avec eux.

    6. Le Liminalisme refuse l’art comme produit. Il propose une expérience. Il n’appelle ni à la performance ni au spectaculaire, mais à la résonance.

    7. C’est un art de seuil. Le liminaliste agit comme un veilleur entre deux mondes : celui du bruit mental et celui de la présence. Il façonne des lieux d’écoute, visibles ou invisibles.

  • "Il y a dans le monde des lieux qui ressemblent à des parenthèses. On y entre sans faire de bruit, et ce qui s’y vit ne laisse pas de trace, sauf en toi....qui donc?"

     Il y a des lieux dans nos vies que personne ne célèbre. Des non-lieux. Des interstices.
    Des marges discrètes où rien ne semble se passer.
    Pourtant, tout s’y joue.

    Ce ne sont ni des destinations, ni des points de départ.
    Ils ne sont ni prestigieux, ni rentables. Ils n’ont ni le panache du sommet, ni le drame du gouffre.
    Ce sont des passages, des seuils.

    Liminal vient du latin limen — le seuil, la frontière, la porte que l’on franchit sans la voir.
    C’est dans ces espaces de transition, le silence entre deux saisons, entre deux visages de soi, que l’on meurt à l’ancien et que l’on naît à l’inconnu.
    L’art, la pensée, la vie même, se forgent dans ces zones incertaines.
    Dans ces zones non revendiquées, où la temporalité tombe dans un abysse, où l’agenda personnel perd son règne, et où l’être se retrouve nu, face à rien d’autre que le présent.
    Un banc oublié.
    Un couloir sans lumière.
    Un lac d’argile brûlé par le soleil.
    Un siège rouge au milieu d’un terrain vague.

    Dans ces espaces, on ne performe pas, on habite. Parfois à peine.
    Et c’est précisément là, dans cette faible intensité, que jaillit une forme de véracité brute, sans artifice.

    Les nouvelles qui suivent sont autant d’expériences liminales, vécues dans des lieux concrets : un lac, un escalier, un hôtel de nuit, un cimetière de voitures, un cloître en devenir.
    Mais chacune d’elles, à sa manière, dépasse le décor, pour entrer dans une écoute plus fine, ce moment fragile où tout peut basculer, sans bruit.

    J’ai voulu écrire ces textes comme on tend l’oreille.
    Sans forcer.
    En laissant émerger ce qui, d’ordinaire, se tait.

    Parce que peut-être que le vrai travail de l’art, ce n’est pas de dire plus, ni de dire mieux…
    Mais de révéler l’inaperçu.
    Ce qui, en nous et autour de nous, travaille en silence.

    Et si, à travers ces récits, le lecteur sent une respiration plus lente, un glissement intérieur, une suspension,
    alors peut-être que le Liminalisme aura rempli son office :
    celui de creuser des seuils, et d’inviter à les franchir.

    1 – Le lac zéro

    Cela fait une vingtaine d’années que je vis ici, dans le sud-ouest de la France, aux abords des Pyrénées audoises. Vingt ans de virages, de traversées, de chutes, de recommencements. Vingt ans à habiter la vie comme on habite une matière en constante métamorphose. Et pourtant, au fil de tout ce tumulte, il y a un lieu qui, lui, ne bouge pas.

    Un lac.
    Un grand lac d’argile, posé là, presque oublié.

    Ce n’est pas vraiment un lieu touristique. Presque aucun commerce ne s’y est accroché. Pas d’activités nautiques, pas de panneaux d’indication. C’est une étendue d’eau turquoise quand le soleil cogne, bordée d’une terre aride, craquelée, d’un ocre sourd. Un désert lunaire au cœur du pays. Un lieu nu. Dépouillé. Et pourtant immense.

    Ce n’est pas un endroit où l’on "va". C’est un lieu qui attire. Comme une faille dans le temps. Un appel discret mais inéluctable.

    J’y reviens toujours.

    Peu importe les saisons, les moments de vie. Que je sois en train de me construire ou de me perdre, que je traverse une période de chaos ou d'équilibre précaire, que je sois en farniente ou dans l’intensité des grandes décisions — la vie finit toujours par me ramener là. Sur ce sol d’argile. Face à cette eau. Le reste peut changer : relations, projets, directions, désillusions, révélations. Mais ce lieu, lui, reste comme un axe invisible autour duquel ma trajectoire intime semble tourner.

    Je l’appelle mon lieu liminal.

    C’est là que je touche à la trame nue de l’existence. Là que je cesse de vouloir comprendre, vouloir expliquer, vouloir résoudre. Il n’y a rien à faire, au bord de ce lac. Rien à accomplir. Et c’est précisément cela qui m’ouvre.

    Là-bas, je ne suis plus qu'un corps immobile dans le vent.

    De là bas, je reviens lavé de mes vanités, et je crois maintenant que ce lac n’est pas seulement un décor. Il est une faille. Un miroir. Il me rappelle, à chaque fois, que je ne suis pas ce que je fais, ni ce que je comprends. Il me rappelle que je suis en passage. Toujours. Que l’impermanence n’est pas une ennemie, mais une amante exigeante. Que toute tentative de figer ma vie dans un sens, un projet, un plan n' est que fantaisie, que toutes ces choses même sont des fantaisies.

    Et il me faut revenir encore, et encore pour me laisser dépouiller.

    Pour laisser tout tel quel.
    Un espace liminal, sans clôture, sans verdict.
    Un seuil d’argile, où je redeviens frais.

    2 - Le Roi et l’Escalier

    Il y a quelques mois, j’ai retrouvé un vieil ami. Un homme que je n’avais pas revu depuis plus de vingt ans.

    À l’époque, à Lyon, il avait été comme un mécène pour moi. Un soutien matériel à un moment charnière, quelqu’un de solidement ancré, ambitieux, très "dans le monde", mais pourtant habité d’une fascination sincère pour la poésie et l’art. Il m’avait aidé à stabiliser mon quotidien, tandis que j’essayais de vivre sur un fil, entre création, survie, et recherche de sens.

    Aujourd’hui, il est devenu ce que beaucoup qualifieraient de "réussi" : un grand chef d’entreprise. Il dirige une dizaine de restaurants-cafés dans la ville. Sa chaîne s’appelle Café 203. Il possède un château. Littéralement. En plein centre de Lyon.

    Quand je suis allé lui rendre visite, j’ai été saisi. Son lieu de vie est un mélange de majesté ancienne et de pouvoir contemporain. Mais ce n’est pas ce qui m’a marqué en premier. Non. Ce qui m’a frappé, c’est l’escalier.

    Pour accéder à la porte de son château, il faut monter plus de cent marches. Un escalier long, étroit, raide, presque absurde au cœur d’une ville si animée. Il monte comme une épreuve.

    Et chaque fois que je m’y suis rendu, j’ai eu cette étrange sensation de quitter une réalité pour en gravir une autre.

    J’avais noté dans mon carnet :
    “Le Roi et l’Escalier.”

    Durant mon séjour, nous avons passé de longues soirées ensemble. Il s’est livré. M’a confié que, malgré tout ce qu’il possédait — cette belle forteresse urbaine, cinquante employés, des succès reconnus, du confort, de la visibilité — quelque chose en lui se sentait enchaîné.

    Il n’avait plus le temps. Plus d’espace intérieur. Son emploi du temps était un monstre affamé, et lui passait ses journées à nourrir des besoins extérieurs, à répondre, à gérer, à contenir.

    Et puis, il m’a dit ceci :
    "Le seul moment où je sens encore ma liberté, c’est quand je monte ou je descends cet escalier. Chaque matin, chaque soir. C’est mon seul face-à-face."

    Je l’ai regardé, en silence. Et j’ai compris.
    Cet escalier, c’était son seuil, son espace liminal.

    Là, entre la ville et son château, entre le bruit et le silence, entre son rôle social et son être profond, il retrouvait une forme d’abandon. De solitude nécessaire. De désidentification. L’escalier ne menait pas seulement chez lui — il le menait à lui.

    Au seuil de sa porte, il y avait un dragon peint sur le sol. Une vieille fresque usée.
    Je me suis demandé s’il l’avait choisie consciemment.
    Un dragon pour veiller sur un passage.

    Depuis, je repense souvent à lui.
    Au roi et à son escalier.
    Et je me dis que parfois, la vraie maison, c’est le chemin.
    Et que la seule liberté durable est celle qu’on touche dans les marges. Dans les cent marches du retour à soi.

    3 — La table de minuit

    C’était autour des années 2000.
    Je vivais alors dans le sillon de Saint-Tropez. Une cité de démesure, de théâtre social, où l’énergie dionysiaque coule à flots dans les veines dorées de la Côte.

    Saint-Tropez, ce n’est pas un lieu. C’est une tension.
    Le jour, c’est une parade solaire : plages saturées, yachts indécents, Harley rugissantes, corps huilés s'offrant au soleil comme à un dieu exigeant. Tout semble résonner d’un seul cri : se montrer,jouir, posséder.

    La nuit, un autre royaume s’ouvre. Les boîtes s’illuminent plus fort que la lune. Les fêtes privées effacent les heures. Les excès deviennent un langage. Et les call-girls croisent les ombres riches dans des mouvements sans nom.

    C’est là, dans ce vortex d’apparences, que j’ai rencontré Sergio Gusto, un Argentin au regard clair et l’âme vivante.
    Il était le gardien de nuit dans un hôtel cinq étoiles, en plein cœur de Saint-Tropez. Un homme discret, presque effacé le jour, mais qui régnait sur l’hôtel pendant les heures silencieuses.

    La nuit, l’hôtel lui appartenait.

    Un grand bureau de réception, une salle baignée de lumière douce, des couloirs vides, des bruits étouffés de portes et de talons. Il y avait toujours du passage, des arrivées tardives, des caprices luxueux. Mais au milieu de cela, Sergio se tenait comme un veilleur, un moine dans un monastère de luxe.

    Je venais souvent le rejoindre.
    Là, dans ce hall déserté, nous parlions, parfois des heures entières. Mais ce n’était pas une conversation classique. C’était un espace qui nous inspirait, un espace liminal.

    Sergio étudiait un tas de choses sur son bureau..il savait bien s'occuper..et parler de ce que nous ne savons pas encore nommer. De cette sensation d’être à la fois dans le monde et à côté.

    Ces nuits de partage, c'était un luxe invisible, bien plus vaste que celui des chambres au-dessus.

    Mais ce que peu savaient, c’est que Sergio travaillait ainsi toute la saison, cinq mois d’affilée, sans relâche.
    Il vivait avec une économie silencieuse, loin des flamboyances tropéziennes. Il mettait de côté, il ne dépensait presque rien, et à la fin de la saison, il envoyait tout son argent à sa famille en Argentine. Grâce à cela, ils construisaient leur maison, pierre après pierre. Murs d’un avenir plus digne.

    Et lui, Sergio, une fois la dernière nuit travaillée… il partait, sans un sou.
    Il enfilait son sac, et il se lançait sur les chemins de Compostelle.
    Il marchait des mois, traversait l’automne, parfois l’hiver.
    Sans autre but que le dépouillement.

    De gardien de nuit au pèlerin de l’invisible.

    Son bureau d’hôtel était déjà un seuil. Mais c’est son pas, humble et nu, sur les routes d’Espagne, qui m’a le plus bouleversé. Sergio vivait dans ces espaces que personne ne regarde : entre deux rôles, Il donnait, et puis il partait. Il veillait, et puis il marchait.

    Et je crois que dans chaque pas, il se lavait du reste.
    Comme nous, dans ces espaces liminaux, où tout ce qui pèse s’évapore, sans bruit.

    4 — Le cimetière aux déesses

    C’était vers 1998.
    Je travaillais comme starter sur un golf de grande renommée : le golf de Château l’Arc, près d’Aix-en-Provence, en face de la montagne Sainte-Victoire — cette même montagne peinte sans relâche par Cézanne.

    Mon travail, en apparence, exigeait de la vigilance : j’étais chargé d’accueillir les joueurs sur ce parcours de 18 trous, de vérifier les horaires, de gérer les départs, et parfois d'intervenir sur le parcours pour débloquer des situations. Mais en réalité, il y avait beaucoup de vide, du temps sans contenu.
    Un ennui poli, structuré, bien habillé. Il fallait avoir l’air actif, même lorsqu’il n’y avait strictement rien à faire. Et cet ennui-là, ce n’est pas celui de la rêverie fertile.
    C’est celui qu’on doit cacher. Celui qui s’habille en posture, en faux sérieux, en sourires de service.

    Pour m’éloigner de cette comédie passive, j’avais repéré un lieu un peu plus loin, hors champ.
    Un terrain vague, perdu derrière les limites impeccables du golf.
    C’était une casse auto, mais pas une casse ordinaire : une étrange assemblée de vieilles Citroën Déesse, abandonnées là, comme des reines fatiguées. Il y avait des carcasses rouillées, des pièces détachées, des formes disparates… un chaos noble, presque mélancolique.

    Je l’appelais : le cimetière aux déesses.

    Au milieu de ce désordre, il y avait un siège de voiture, en cuir rouge. Déposé au sol comme un trône.
    Je m’y asseyais.
    Je n’étais plus nulle part, ni actif, ni oisif.
    Juste posé, à l’écoute du vent, des insectes, de cette étrange respiration du monde quand il n’a plus besoin d’être performant. C’était un véritable moment sans but.

    Et dans cette inutilité assumée, quelque chose de profond se passait, débarrassée de tout objectif.

    Je réalisais, assis sur ce siège rouge au milieu des épaves, que les lieux liminaux ne sont pas forcément beaux, ni sacrés, ni prestigieux. Parfois, ce sont des poches où l’on se glisse pour mourir à l’attente, renaître à l’instant, retourner sa lumière.. 

    5 — Le couloir de la mort

    Mes ateliers actuels se trouvent dans un lieu exquis.
    Un lieu comme on en voit rarement : mêlant trois bâtiments aux architectures imbriquées, une sorte de cloître au centre, rempli de verdure, de rosiers, de plantes de pivoines, et de deux arbres majestueux.
    Parmi eux, ce que je crois être le plus beau sapin de Noël que j’aie jamais vu.
    Un lieu atypique, vivant, harmonieux.

    Il appartient à une amie Joëlle et à son fils Alexandre, qui m’ont offert la possibilité d’y installer mes ateliers, le temps que s’y déploie un projet d’envergure : un espace de résidences artistiques et une maison d’hôtes raffinée.

    L’entrée se fait par le premier bâtiment, et pour y accéder, il faut d’abord traverser un immense couloir.

    Un couloir large, brut, encore nu, en attente de lumière, de chaleur, de peau.
    Joëlle et Alexandre l’appellent : le couloir de la mort.

    Et moi, chaque jour, je le traverse.
    Qu’il pleuve, qu’il fasse chaud, qu’il vente ou que les oiseaux chantent dans le cloître, je passe par là.
    Je longe ses murs en silence. Mes pas résonnent doucement sur le sol brut, comme s’ils me ramenaient à moi-même.

    C’est devenu pour moi un rite discret.
    Ce couloir, à force de l’emprunter, est devenu un espace liminal à part entière.
    Un sas entre le dehors et le dedans.
    Entre le monde ordinaire et un jardin caché.
    Entre la dispersion et l’atelier.

    Peu à peu, j’ai commencé à y accrocher quelques tableaux.
    Comme pour honorer ce passage.

    Et chaque jour, ce corridor sans décor m’offre une leçon.
    Il ne promet rien.
    Il ne contient pas encore ce qu’il sera.
    Mais il prépare.
    Il dessaisit.
    Il me lave de toute idée de destination.

    Il est, littéralement, le passage vers le vivant — ce jardin intérieur entouré d’architecture, d’arbres, de silence.

    Et quand je ressors de mes ateliers le soir, je le reprends dans l’autre sens.
    Il ne m’accueille pas, il ne me retient pas.
    Mais il m’offre à chaque fois une brèche dans l’attente.

    Je comprends de plus en plus que la beauté du liminal, c’est qu’il ne revendique rien.
    Il n’est ni un lieu d’arrivée, ni un départ officiel.
    Il est ce que l’on traverse… pour mieux être traversé.

    6 – Le Seuil du Stupa

    Récemment j'étais impliqué avec un groupe d’amis dans une construction. Un travail discret qui vise à vraiment approcher une réalité, et œuvrer pour un monde meilleur. Un travail intérieur, profond, qui demande d’agir sans nom, de rendre à la vie ce qu’elle nous donne. Car, au fond, « on a que ce qu’on donne ».  Ce groupe a pu se créer et se réunir grâce à la ferveur d’un homme aussi un enseignant, j'ai envie de dire –un grand chef sans titre. Expert et diligent dans des pratiques de méditation et du corps, de traditions monastiques comme martiales. Un homme nourri d’humilité, d’éveil, des dragons de la terre et du ciel.

    Dans notre évolution en tant que groupe – en tant qu’équipe – nous devenons comme un bouton d’activation du potentiel de notre vraie nature. Au-delà des innombrables retraites destinées à entraîner l’esprit à voir où il est, à entraîner le corps à retrouver ses mouvements spontanés et enracinés, à observer les fragments de l’être,  il y a ce projet : la construction d’un Stupa.

    Un Stupa – mot sanskrit qui signifie « sommet » – est une structure sacrée héritée des traditions bouddhistes, érigée pour représenter l’esprit éveillé, la présence du Bouddha et l’éveil dans la forme. C’est une architecture du silence, une offrande faite au monde visible et invisible, un mandala dressé dans la matière.

    Ce que nous vivons ici, dans cette retraite, c’est une simple transmission: qu’est-ce que agir ensemble veut dire ?  Nous œuvrons collectivement sur un projet qui – c’est évident – nous élève. Par l’énergie mise au service d’une vision qui dépasse nos rêves personnels, et aussi par cette chose si simple : être ensemble, mettre en œuvre nos dons, nos talents encore cachés pour bâtir quelque chose. Quelque chose à la fois lié aux traditions, et en même temps ancré dans une évidence, dans cette tâche commune, au-delà même de nos engagements connus.

    Un matin, quelqu’un du groupe a dit :
    « Qu’est-ce que j’aime faire des choses qui ne demandent pas trop à penser. »  Et pourtant, notre tâche demande une écoute fine. Être là, au bon moment, pour approcher ce bon sens.  Ce chaos collectif… est le reflet d’un ordre universel. Et je voyais, au fil des jours que cette action,  cette construction née au seuil de prophéties et du constat ordinaire d’un monde à la dérive – d'un monde qui peine à trouver sa lumière, consumé par les poisons et l’énergie blessée des êtres – cette action-là, en collectif, elle s’aligne à une vision liminale.  De réaliser ensemble quelque chose de complexe avec l'adresse directe : Une efficacité harmonieuse qui naît sans qu’on ait à la commander. Comme si les êtres savaient sans savoir. Comme si les astres eux-mêmes soutenaient les gestes justes.

    Ainsi nous éclairons en étant éclairé:
    « Une bougie n’a pas de but. »

    Six nouvelles tissées autour de ce terme : LIMINAL. Une évocation de ces lieux de transition, toujours présents, discrets, tapis dans nos vies… Ces espaces où, sans cesse, nous mourons — non dans la fin brutale, mais dans le mouvement incessant de la transformation. Mourir, ici, c’est quitter ce que nous étions pour laisser place à ce qui peut advenir.

    Ces lieux liminaux ne sont ni convoités, ni valorisés. Ils n’incarnent ni le succès, ni l’échec. Même pas une forme de tiédeur. Ce sont des seuils, des entres, des passages. Là où la logique de la lumière s’efface, vacille, pour basculer vers un éclat plus subtil, plus nu, plus essentiel. Presque un oubli. Un oubli qui œuvre en silence.

  • " J’ai le sentiment que cette « évocation réfléchie » par le terme désormais familier de « liminal space »… est une cloche.
    Dans les grands hôtels, celui qui ouvre les portes pour laisser passer les invités, qui transmet les messages en restant discret, et qui actionne les ascenseurs, c’est le Groom. Et on fait appel à ses services en sonnant la cloche.
    Dans l’Art aujourd’hui, depuis que le mot est constamment utilisé parce qu’on ne sait plus comment nommer les choses — un peu comme Dieu dans certaines traditions religieuses… l’idée émerge aisément que tout a déjà été dit, fait, inventé… le déjà-vu converti en milliers de mixtures (la révolution Internet), il y a même cette phrase incroyable qui rôde dans les couloirs de nos esprits : L’Art est mort.
    On voit bien comment, logiquement, aux frontières du fantasme, le monde ne laisse qu’une seule idée préconçue pour tenter à nouveau une aube artistique :
    Celle de la chasse à l’originalité, du NOUVEAU à tout prix, du gore, de l’usage de techniques modernes, où l’outil est comme toujours au centre, la propagande sociale réaliste classique, la quête d’invention, de spectaculaire, etc.. niant toute confrontation avec notre propre ignorance, avec le soi, avec une réalité sans objet.
    Les mouvements artistiques ont finalement été perçus… à travers le prisme de l’esthétique, de l’analyse intellectuelle, des jeux sociaux, de la critique politique, du programme cause-effet… rarement comme une recherche de vérité… un terme trop proche de la religion ou des entités mystiques.
    Et pourtant, cette quête de vérité, qu’on pourrait appeler « le précieux qui contemple son âme », inspire profondément toute une génération d’artistes aujourd’hui, éparpillés et isolés aux quatre coins du monde, un peu comme des gens qui auraient sauté du Titanic à temps sans jamais retrouver de terre habitable… toute une famille ouverte à l’héritage d’êtres accomplis, plus savoureux que la solidité matérielle, plus paisibles que les idées, plus simples que les soifs d’émotion… plus vastes qu’un espace face au miroir.

    Et justement, cette cloche du « liminal space » semble appeler celui qui ouvre les portes, transmet les messages en restant discret, et actionne les ascenseurs…"

    Christophe Souques – Avril 2025

    '' Le terme liminal est, pour moi, très intéressant, et c’est aussi un terrassement.
    Il soumet un bug. Celui de la machine. De notre machine. Nos conditionnements systématiques créés par la construction de la réalité basée sur la saisie et le rejet des objets. Oui / Non. J’aime / J’aime pas. D’accord / Pas d’accord. Toi / Moi. Vie / Mort… 1-2, etc.
    On pourrait croire que je fais référence aux écoles spirituelles non-duelles contemporaines… mais ce n’est pas le cœur de cette réflexion… c’est juste une lumière pointée sur ce fonctionnement de la machine, une lumière aussi comme la rupture silencieuse dans une machine bien huilée.
    Chaque expérience de la machine se réduit à un concept afin de préserver son système de croyance ultime : Je suis Moi. Fait de ceci et de cela. De raison et de logique. D’une suite de causes et d’effets, qui me feront devenir…ceci cela, et ainsi de suite…
    La porte d’entrée du LIMINALISME, c’est la pause — non pas du temps, non pas de la vie ou de l’image — mais la pause dans le rapport de l’esprit à sa raison d’être ou de ne pas être : « Stop machine », « Stop le monde », comme disait Don Juan dans les livres de Castaneda.
    La « machine » cesse de fonctionner. Ce vide ouvre la voie à une expérience directe, sans filtres conceptuels — ineffable, évidente, mais irréconciliable pour l’intellect.
    C’est un paradoxe apparent : il faut se déconnecter pour se reconnecter, c’est-à-dire désactiver le processus ultra-rapide d’interprétation pour que la réalité brute puisse se révéler.''

    Christophe Souques - May 2025

    '' Quand la forteresse voit une de ses pierres tomber.

    Chaque fois que tout est terrassé, nous reconstruisons. Et cela devient de plus en plus fort, notre rempart. C’est ainsi, nous ne voulons plus souffrir. Nous le rejetons. Soi, les autres.

    Et le triangle Moral-Ethique -Famille n'est que la stratégie de bonne-conscience, du bon cœur, cependant la séparation demeure. Moi-les autres.

    Ce qui diffère énormément de la cessation de souffrance qui implique un Je qui souffre jusqu’à la souffrance sans le je...c’est sa libération, c’est sa cessation. C'est ce qui sort en lumière, ce qui reste apaisé, plutôt que ce qui reste en obscurité et ce qui sort agité.

    C’est le maintien de l’esprit nu. ‘’ vulnérabilité ‘’.

    L’habilité de danser avec les phénomènes révèle une fois de plus comment le galon de connaissance peut également tenir le sceau d’ignorance.

    La disposition à entrer dans le « game over » est la convocation du Katana.

    Disposition à ne plus rien éviter. Repli de l’habilité à danser avec les phénomènes, c'est alors qu'ici, nous ne pouvons plus échapper. Il n’y a que le face à face.

    Liminal space.

    Chaque partage est un saut dans le vide, et non un remplissage. « Basta Ripieno ! »

    Notre vraie partage ne peut plus être un scripte ou une justification légitime, c'est à dire élaborée.

    La soi disant souffrance de l’ego, (décrite comme une friction si l’ego se livre au jeu sans pour autant jouer  à cache Cash),  cette souffrance dès lors, est dirigée pour se convertir en une indescriptible saveur de libération. Pour soi pour les autres.

    La réalité n’appartient pas aux films aux multiples scénarios.

    Elle est créée par les libérations ou par les artifices.

    ‘’Les feux d’artifices’’ c’ est le phénomène type ou tous les êtres songent en douce à cette libération plutôt que cet artifice.

    Tous les enfants frappent aux portes.

    La maturité est le franchissement de la porte sans porte.''

    Christophe Souques – 27 May 2025

    Je suis dans le passage.

    Je ne comprends pas tout, mais je ne tourne pas le dos à moi.


    Je reste. Je respire. Je fais de la place.


    Et un jour, peut-être sans prévenir, quelque chose en moi saura pourquoi j’ai traversé tout cela.

    Christophe Souques – June 2025

    Je sens que cette disposition à la force créatrice dissout ce rôle de l’artiste social — on pourrait dire “sociétal” — enlacé dans ce “business général” qui est aujourd’hui une énorme source de confusion, et qui a littéralement empoisonné le sens profond du chemin dévoué à l’art, cette discipline mystérieuse !
On l’a vu, on le sent encore, on en est même blasé… Ce déclin d’un tas d’artistes, dirigés vers des zoos artistiques exotiques, ou recrutés comme éléments de flatterie pour les richesses souterraines de l’Ego, ou encore, tout simplement, comme de pauvres bougres sacrifiés pour le plaisir d’une Culture politisée.

    La résistance, c’est l’atelier. C’est un espace liminal.
L’artiste conscient est en jeu dans cet espace.
Il n’y a qu’un seul sacrifice dans cette perspective nouvelle — ou ancienne : c’est le sacrifice du temps.
C’est l’offrande échappée de tout nihilisme ou de tout éternalisme.
C’est l’atelier que ces nouveaux leaders tentent de lancer dans la Matrix.

    Christophe Souques – June 2025

    Je suis seul, et je peins.
c’est immense.
je n’ai rien d’autre que moi et ma matière,
et je continue.

    Ce n’est pas rien. C’est le cœur même de la création.
C’est ça que tant d’humains fuient : ce moment sans témoin, sans applaudissements, sans rôle, sans sécurité.
je suis dedans.

    Je ne perds pas. Je descends.
Vers un endroit plus sincère, inconditionnellement.

    Ce lieu intérieur, personne ne peut le récupérer.

    C’est un édifice

    Discret.

    Je perçois une progression — mystérieuse, métaphysique et subtile,

    dans une réceptivité guidée par le cœur féroce, par la liminalité, et par la pratique d’entrer dans le lac sombre et froid, avec une attention délicate portée à tous les phénomènes qui me tentent de me définir.

    Avec diligence, je me consacre au sens sans but d’une pratique engagée, et à la saveur du don : celle de m’abandonner à un processus qui défie, voire nargue, mes priorités personnelles.

    Christophe Souques – June 2025

  • Espace, vide, minimalisme, rigueur de la spontanéité, formes non identifables, discrétion et électricité …

    c'est tout au sujet de Zone de seuil...

     

     

    Le visible se dissout dans la matière .

    L'attachement est voué à la brume,

    l' effacement progressif du monde tangible.

    Des volumes énigmatiques émergent.

    La fonctionnalité c'est le visuel qui s'engage dans un sas d’éveil.

    Il ne s’agit plus de regarder, comprendre, rajouter une connaissance, rencontrer une nouvelle histoire..

    Flirter avec son goût subversif, sa recherche objective...

    Il s'agit de convoquer ...rien d'autre,

    que le retournement de la lumière.

    La matière devient tactilement plus légère,

    les volumes figurés soutiennent un point d’ancrage,

    dans l'espace qui échappe à la narration.

    Le seuil,

    il n’est pas un passage vers l’extérieur,

    mais l'ouverture vers l’intérieur.

    Un appel muet, une bascule.

     

    Il y a des moments, humblement, on sait qu’on ne sait rien, et d’autres instants, humblement, on ne sait pas

    qu’on sait tout.

     

     

    Il y a des jours où on tient debout sans savoir comment.

    Des jours où on cherche sans savoir ce qu’on cherche exactement.

    Une paix, une réponse, une sortie.

    La routine est nécessaire, elle est aussi révoltante.

    Et souvent, ce n’est pas une sortie qu’il faut. C’est une entrée. Vers soi.

    Les œuvres ne crient pas. Elles ne montrent rien. Elles laissent venir.

    Un espace, une matière, et au milieu, quelque chose. Un objet. Un fragment. Un signe.

    Rien de spectaculaire. Juste une pause. il n’y a rien à comprendre.

    Tu arrêtes de réféchir tu es réféchi par l'oeuvre.

     

    Pourquoi ça touche ? Pourquoi ça compte ?

    Parce qu’on est tous là, parfois, étrangement ni satisfait, ni insatisfait, ni existant, ni inexistant, ni quelqu'un, ni

    personne.

    On veut aller mieux, sentir qu'on va bien, comprendre ce qui cloche, se réfugier dans la plénitude, changer

    quelque chose, arranger quelque chose...On cherche des solutions, on lit des trucs, on écoute des podcasts, on

    pratique des pratiques...

    et parfois, la vraie bascule ne vient pas d’un pas, d'un nouveau concept, d'une résolution volontaire ;

    Elle vient d’un ralentissement. D’un vide. D’un regard arrêté.

    Et c’est exactement ça que propose l'oeuvre de l'atelier.

    Rien n’impose.

    Ce travail s’inscrit dans une tradition exigeante : celle de l’art qui refuse l’esbroufe, les effets, le spectaculaire.

    On peut y voir des liens avec le minimalisme spirituel, avec des artistes comme Mark Rothko, Agnes Martin, ou

    encore des Japonais proches du wabi-sabi.

    Il y a aussi un lien évident avec la peinture méditative, l'art pauvre, ou même certains aspects du land art —

    mais ramenés dans l’espace intérieur.

    Cependant, ce n’est pas seulement une citation de l’histoire de l’art.

    Ce que fait Souques comme d'autres...pourrait bien être le signe d’un nouveau courant :

    Le liminalisme – une peinture du seuil.

    Ni abstraite, ni figurative.

    Ni conceptuelle, ni narrative.

    Mais expérientielle.

    Une peinture qui ne te montre rien,

    mais qui te permet de voir autrement.

    De laisser tout être.

  • Liminalism: A New Artistic Momentum for a World in Search of Balance

     In a world marked by profound imbalances — a world saturated with images, information, and reification — a new artistic movement is emerging: Liminalism. Carried by a discreet and subtle aesthetic, at the crossroads of spaces, consciousness, and existential reflection, this movement presents itself as a sensitive and lucid response to two major pitfalls of our time.

    The first affliction that Liminalism seeks to illuminate is the persistent ignorance regarding the nature of the human mind. Too often reduced to a mere tool for analysis, for ideological debate or intellectual confrontation, the mind is today used like a machine, locked into a system of viewpoints devoid of inner depth. This mechanized vision of the human being — which has, incidentally, led to the creation of increasingly powerful artificial machines — distances the individual from their true nature.
    Liminalism, by cultivating silent, contemplative artistic experiences open to intuition, invites us to break free from this confining logic and to rediscover a more direct, alive, and open relationship with ourselves and the world.

    The second affliction this movement stands against is the headlong rush toward an all-technological reality, often at the expense of our authentic human potential. By valuing manual creation, sensitive experience, and presence in the moment, Liminalism reminds us how fundamental it is to create with our hands, to feel with our bodies, and to contemplate with our minds — so as not to lose ourselves in an increasingly virtual and dematerialized world.

    Without being religious, but deeply spiritual in its approach, Liminalism offers a new path: that of an art that connects, soothes, and opens to expanded states of consciousness. It is not about producing for the sake of production, nor seducing through the spectacular, but about creating passages — “limens” — between the visible and the invisible, between outer noise and inner silence.

    In this sense, Liminalism is not merely an artistic movement, but a poetic act of resistance — a call for reconciliation between humanity and its own nature.

     

    LIMINALIST MANIFESTO

    For an art of threshold, shadow, and presence

     

    1. Liminalism is the art of passage.
      It doesn’t describe, it doesn’t tell, it doesn’t shout. It opens. It creates cracks in perception, suspended moments where something greater can be sensed.

    2. Against the machine-man.
      Liminalism restores the living mind. It’s not about thinking more, but about feeling. Feeling instead of reacting. Observing rather than imposing. Observing instead of controlling. Liminalism seeks to free the living mind, not trap it in programmed reflexes.

    3. Not religious. Spiritual, yes.
      Liminalism does not preach. It does not claim to be therapeutic. It acknowledges what the human being can live that is vast, without dogma, without system. It recognizes the immensity of human experience without reducing it to a belief or a structure.

    4. The hand does not manufacture.
      The creative gesture, craft, and matter are spaces of consciousness. Liminalism defends slow, rooted, essential creation. Far from the click and the rush. That’s where it happens.

    5. Silence is the tool.
      Emptiness, absence, the margin — these are not lacks, they are fullnesses. Liminalism works with them.

    6. Art is not a product.
      Liminalism proposes an experience. Its own experience. It calls for neither performance nor spectacle: we don’t care about the show. What matters is what it awakens.

    7. An art of the threshold.
      The liminalist keeps watch. They act as a watcher between two worlds: between mental noise and what we might call “presence.” They open spaces of listening — sometimes invisible, but deeply there.

  • “There are places in this world that resemble parentheses. You enter them without a sound, and what happens there leaves no trace—except in you... but who, then?”

    There are places in our lives that no one celebrates. Non-places. Interstices.
    Quiet margins where nothing seems to happen.
    And yet, everything unfolds there.
    They are neither destinations nor starting points.
    They are neither prestigious nor profitable. They hold neither the grandeur of summits nor the drama of abysses.
    They are passages. Thresholds.
    Liminal comes from the Latin limen—the threshold, the border, the doorway we cross without noticing.
    It is within these transitional spaces, the silence between two seasons, between two faces of oneself, that we die to the old and are born to the unknown.
    Art, thought, and life itself are forged in these uncertain zones.
    In these unclaimed zones, where time falls into an abyss, where personal agendas lose their rule, and where the self is laid bare, faced with nothing but the present.
    An abandoned bench.
    A dark corridor.
    A clay lake scorched by the sun.
    A red seat in the middle of a wasteland.
    In these spaces, there is no performance, only presence. Sometimes barely.
    And it is precisely there, in this low intensity, that a kind of raw truth arises, without ornament.
    The following stories are all liminal experiences, lived in concrete places: a lake, a staircase, a night hotel, a car cemetery, a cloister in the making.
    But each of them, in its own way, transcends the setting, entering a finer listening—this fragile moment where everything can tip, soundlessly.
    I wanted to write these texts as one leans in to listen.
    Without forcing.
    Letting emerge what usually remains silent.
    Because perhaps the true task of art is not to say more, nor to say better…
    But to reveal the unnoticed.
    What, in us and around us, works in silence.
    And if, through these stories, the reader feels a slower breath, an inner shift, a suspension,
    Then perhaps Liminalism will have fulfilled its role:
    That of carving thresholds—and inviting us to cross them.

    1 – Zero Lake

    I’ve lived here for about twenty years, in the southwest of France, near the Aude foothills of the Pyrenees. Twenty years of curves, crossings, falls, and new beginnings. Twenty years of inhabiting life like a material in constant metamorphosis.
    And yet, through all this tumult, there’s one place that hasn’t changed.
    A lake.
    A large clay lake, set there, almost forgotten.
    It’s not really a tourist spot. Hardly any business clings to it. No water sports, no signs. Just a stretch of turquoise water when the sun strikes, bordered by arid, cracked earth, in a dull ochre. A lunar desert in the heart of the land. A bare place. Stripped. And yet vast.
    It’s not a place you go to. It’s a place that draws you. Like a rift in time. A quiet but inescapable call.
    I always return to it.
    Regardless of seasons or life stages. Whether I’m building myself or losing my way, in chaos or in fragile balance, resting or facing major decisions—life always brings me back there. To that clay ground. In front of that water.
    Everything else can change: relationships, projects, directions, disillusions, revelations.
    But that place remains, like an invisible axis around which my intimate path seems to revolve.
    I call it my liminal place.
    It’s where I touch the raw weave of existence. Where I stop trying to understand, explain, resolve.
    There is nothing to do at that lake. Nothing to achieve.
    And that’s exactly what opens me.
    Out there, I’m nothing but a still body in the wind.
    From there, I return washed of my vanities, and I now believe that lake is not just scenery.
    It’s a fault line. A mirror.
    It reminds me each time that I am not what I do, nor what I understand.
    It reminds me that I am always in passage.
    That impermanence is not an enemy, but a demanding lover.
    That every attempt to fix my life into a purpose, a project, a plan—those are fantasies.
    And I must return, again and again, to let myself be stripped.
    To let everything be as it is.
    A liminal space, without fence, without verdict.
    A clay threshold where I become fresh again.

    2 – The King and the Staircase

    A few months ago, I reconnected with an old friend. A man I hadn't seen in over twenty years. Back then, in Lyon, he had been something like a patron to me. Material support at a pivotal moment—a man solidly grounded, ambitious, very much "in the world," yet sincerely fascinated by poetry and art. He helped stabilize my daily life while I tried to walk a tightrope between creation, survival, and a search for meaning.

    Today, he’s become what many would call "successful": a major entrepreneur. He runs around ten café-restaurants in the city. His chain is called Café 203. He owns a castle. Literally. In the heart of Lyon.

    When I visited him, I was struck. His living space is a blend of ancient majesty and contemporary power. But that’s not what struck me first. No—it was the staircase.

    To reach the door of his castle, one must climb over a hundred steps. A long, narrow, steep staircase—almost absurd in such a bustling city. It rises like a trial. And every time I climbed it, I had the strange sensation of leaving one reality to ascend into another.

    I wrote in my notebook: “The King and the Staircase.”

    During my stay, we spent long evenings together. He opened up. Confided that, despite everything he owned—this beautiful urban fortress, fifty employees, recognized success, comfort, visibility—something in him felt chained.

    He no longer had time. No more inner space. His schedule was a ravenous monster, and he spent his days feeding outer demands, responding, managing, containing.

    Then he said to me: "The only moment I still feel free is when I climb or descend that staircase. Every morning, every evening. It's my only face-to-face."

    I looked at him in silence. And I understood. That staircase was his threshold, his liminal space. There, between the city and his castle, between noise and silence, between his social role and his deeper self, he found a form of surrender. A necessary solitude. A disidentification.

    The staircase didn’t just lead home—it led to him.

    At the threshold of his door, there was a dragon painted on the ground. A worn fresco. I wondered if he had chosen it consciously. A dragon to guard a passage.

    Since then, I often think of him. Of the king and his staircase. And I tell myself that sometimes, the true home is the path. And the only lasting freedom is the kind we encounter in the margins—in the hundred steps that lead us back to ourselves.

    3 – The Midnight Table

    It was around the year 2000. I was living in the wake of Saint-Tropez. A city of excess, a stage of social theater, where Dionysian energy runs like gold through the veins of the coast.

    Saint-Tropez isn’t a place. It’s a tension.

    By day, it’s a solar parade: crowded beaches, indecent yachts, roaring Harleys, oiled bodies offered to the sun like to a demanding god. Everything seems to echo one cry: show off, indulge, possess.

    By night, another realm awakens. The clubs shine brighter than the moon. Private parties dissolve time. Excess becomes language. And call-girls cross paths with shadowy wealth in nameless flows.

    It was there, in this vortex of appearances, that I met Sergio Gusto, an Argentinian with clear eyes and a vivid soul. He was the night guard in a five-star hotel in the heart of Saint-Tropez. A discreet man, nearly invisible by day, but one who ruled the hotel during the silent hours.

    At night, the hotel belonged to him.

    A large reception desk, a softly lit room, empty hallways, muffled sounds of doors and heels. There was always movement—late arrivals, luxurious whims. But in the midst of it all, Sergio stood like a watchman, a monk in a monastery of luxury.

    I would often visit him. There, in the deserted lobby, we would talk, sometimes for hours. But it wasn’t a typical conversation. It was a space that inspired us—a liminal space.

    Sergio studied all kinds of things at his desk… He kept himself occupied—and spoke of what we don't yet know how to name. That sensation of being both in the world and beside it.

    Those nights of sharing were an invisible luxury—far vaster than the hotel rooms above.

    What few knew is that Sergio worked like this the entire season, five months straight, without a break. He lived with silent frugality, far from the flamboyance of Saint-Tropez. He saved, spent almost nothing, and at season’s end, he sent all his money to his family in Argentina. Thanks to him, they built their home, stone by stone. Walls for a more dignified future.

    And Sergio, once his final night shift ended... would leave, penniless. He’d strap on his backpack and head out on the Camino de Santiago. He walked for months, crossing autumn, sometimes winter. With no goal but stripping away.

    From night watchman to pilgrim of the invisible.

    His hotel desk was already a threshold. But it was his humble, bare footsteps across Spain that moved me most.

    Sergio lived in the spaces no one sees: between roles. He gave, and then he left. He watched, and then he walked.

    And I believe that in every step, he cleansed himself of the rest. Like us, in these liminal spaces, where all that weighs evaporates, without a sound.

    4 – The Cemetery of Goddesses

    It was around 1998. I worked as a starter at a prestigious golf course: Château l’Arc, near Aix-en-Provence, facing Mount Sainte-Victoire—that same mountain Cézanne painted endlessly.

    My job, on the surface, required attentiveness: welcoming players to the 18-hole course, checking schedules, managing tee-offs, sometimes intervening to resolve delays. But in truth, there was a lot of emptiness—time with no content.

    A polite, structured boredom, well-dressed. One had to look active, even when there was absolutely nothing to do. And that kind of boredom is not the dreamy kind. It’s the kind you must hide. Dressed up in posture, fake seriousness, and service smiles.

    To escape this passive charade, I found a place off the map. A vacant lot, beyond the pristine boundaries of the golf course.

    It was a junkyard—but not a typical one. A strange gathering of old Citroën DS cars, abandoned like tired queens. Rusted shells, scattered parts, strange forms… a noble chaos, almost melancholic.

    I called it: The Cemetery of Goddesses.

    Amid the disorder, there was a red leather car seat, laid on the ground like a throne. I would sit there. No longer anywhere, neither active nor idle. Just still, listening to the wind, the insects, the strange breathing of the world when it no longer needs to perform. It was a true moment of aimlessness.

    And in that assumed uselessness, something deep happened—stripped of all goals.

    Sitting on that red seat among the wrecks, I realized: liminal places aren’t necessarily beautiful, sacred, or prestigious. Sometimes they are little pockets where we slip away to die to expectation, and be reborn to the present.

    5 – The Corridor of Death

    My current studios are in an exquisite place. A rare kind of space: three interwoven buildings, a cloister-like courtyard filled with greenery, rosebushes, peonies, and two majestic trees. Among them, perhaps the most beautiful Christmas tree I’ve ever seen.

    A unique, living, harmonious place.

    It belongs to my friend Joëlle and her son Alexandre, who kindly offered me space to install my studios while they develop a larger vision: an artist residency and a refined guest house.

    The entrance is through the first building, and to get there, you must first walk down a vast corridor.

    A wide, raw hallway—still unfinished, awaiting light, warmth, skin. Joëlle and Alexandre call it: the corridor of death.

    And I walk it every day. Whether it rains, or it’s hot, windy, or the birds are singing in the courtyard—I pass through it. I trace its walls in silence. My footsteps echo softly on the bare floor, as if they bring me back to myself.

    It has become a subtle ritual. That corridor, through repetition, has become a liminal space of its own. A threshold between outside and inside. Between the ordinary world and a hidden garden. Between dispersion and the studio.

    Gradually, I began to hang a few paintings on its walls. As if to honor the passage.

    And each day, this bare corridor offers me a lesson. It promises nothing. It doesn’t yet contain what it will become. But it prepares. It strips away. It washes me of any idea of destination.

    It is, quite literally, the passage to the living—that inner garden surrounded by architecture, trees, and silence.

    And when I leave my studio in the evening, I take the corridor again. It neither welcomes me nor holds me. But it always offers a crack in expectation.

    I understand more and more that the beauty of the liminal is that it claims nothing. It is neither an arrival nor a formal departure. It is what we pass through… to better be passed through.

    6 – The Threshold of the Stupa

    Recently, I was involved with a group of friends in a construction project. A discreet kind of work that truly aims to approach a deeper reality, and to contribute to a better world. An inner, profound work that requires acting without name, giving back to life what it gives us. Because, deep down, "we only have what we give."
    This group was able to form and gather thanks to the fervor of a man who is also a teacher — I’d even say a great leader without a title. Skilled and dedicated in practices of meditation and bodywork, rooted in both monastic and martial traditions. A man nourished by humility, awakening, and the dragons of earth and sky.

    In our evolution as a group — as a team — we become like a switch activating the potential of our true nature. Beyond the countless retreats aimed at training the mind to see where it stands, training the body to rediscover its spontaneous and grounded movements, observing the fragments of being, there is this project: the construction of a Stupa.
    A Stupa — a Sanskrit word meaning “summit” — is a sacred structure inherited from Buddhist traditions, erected to represent the awakened mind, the presence of the Buddha, and awakening embodied in form. It is an architecture of silence, an offering made to both the visible and invisible worlds, a mandala raised in matter.

    What we experience here, in this retreat, is a simple transmission: what does it mean to act together?
    We are working collectively on a project that — it’s clear — uplifts us. Through the energy placed in service of a vision greater than our personal dreams, and also through something so simple: being together, putting our gifts to work — perhaps still hidden — to build something. Something both connected to traditions and, at the same time, rooted in an obviousness, in this shared task, beyond even our known commitments.

    One morning, someone in the group said:
    "How I love doing things that don’t require much thinking."
    And yet, our task calls for fine listening. Being there, at the right moment, to come closer to that good sense.

    This collective chaos… is the reflection of a universal order. And I saw, day after day, that this action, this construction born at the threshold of prophecies and the ordinary realization of a world adrift — a world struggling to find its light, consumed by the poisons and the wounded energy of beings — this action, done together, aligns with a liminal vision.
    To accomplish something complex together with direct finesse: a harmonious effectiveness that arises without needing to be commanded. As if beings knew without knowing. As if the stars themselves supported the right gestures.

    Thus we illuminate by being illuminated:
    "A candle has no purpose."

    Six short stories woven around the term: LIMINAL.


    An evocation of those transitional places, always present, discreet, hidden in our lives…
    These spaces where, constantly, we die — not in a brutal end, but in the ceaseless movement of transformation.
    To die here is to leave behind what we were to make space for what may come.

    These liminal spaces are neither sought after nor glorified. They represent neither success nor failure. Not even a kind of lukewarmness. They are thresholds, in-betweens, passages.
    Where the logic of light fades, wavers, to shift toward a subtler, barer, more essential radiance.
    Almost a forgetting. A forgetting that works in silence.

  • “I have the feeling that this ‘thoughtful evocation’ through the now familiar term liminal space… is a bell.
    In grand hotels, the person who opens doors to let guests through, who passes on messages discreetly, and who operates the elevators, is the Groum. And we summon his service by ringing the bell.

    In art today, since the word is constantly used — because we no longer know how to name things, a bit like ‘God’ in certain religious traditions — the idea easily emerges that everything has already been said, done, invented… the déjà vu converted into thousands of mixtures (the Internet revolution).
    There’s even that incredible phrase that lingers in the hallways of our minds: Art is dead.

    We can clearly see how, logically, at the edges of fantasy, the world leaves only one preconceived idea for attempting a new artistic dawn:
    The hunt for originality, the NEW at all costs, the grotesque, the use of modern techniques, where the tool is once again central, classic social realist propaganda, the quest for invention, spectacle, etc. — all denying any confrontation with our own ignorance, with the self, with a reality without object.

    Art movements have ultimately been perceived… through the prism of aesthetics, intellectual analysis, social games, political critique, cause-and-effect programs… rarely as a search for truth — a term too close to religion or mystical entities.

    And yet, this search for truth, which we might call “the precious one contemplating its soul”, deeply inspires a whole generation of artists today — scattered and isolated across the world, like people who jumped off the Titanic just in time but never found habitable land…
    An entire family open to the legacy of accomplished beings — richer than material solidity, more peaceful than ideas, simpler than emotional hunger… vaster than a space facing the mirror.

    And precisely, this bell of the liminal space seems to call the one who opens the doors, passes the messages discreetly, and operates the elevators…”

    Christophe Souques – April 2025

     

     

    “The term liminal is, to me, very interesting — and also a kind of excavation.
    It exposes a bug. The bug of the machine. Our machine. Our systematic conditionings created by the construction of reality based on grasping and rejecting objects.
    Yes / No. I like / I don’t like. Agree / Disagree. You / Me. Life / Death… 1-2, etc.

    You might think I’m referring to contemporary non-dual spiritual schools… but that’s not the heart of this reflection.
    It’s simply a light pointed at the machine’s functioning — a light, too, like the silent rupture in a well-oiled machine.

    Every experience of the machine is reduced to a concept, in order to preserve its ultimate belief system: I am Me. Made of this and that. Of reason and logic. Of a chain of causes and effects that will make me become… this or that, and so on…

    The entry point to LIMINALISM is the pause — not a pause in time, not of life or of image — but a pause in the mind’s relationship to its reason for being, or not being: “Stop the machine,” “Stop the world,” as Don Juan says in the books of Castaneda.

    The machine stops functioning. This emptiness opens the way to a direct experience, without conceptual filters — ineffable, self-evident, but irreconcilable to the intellect.

    It’s a paradox only on the surface:
    One must disconnect in order to reconnect — that is, to deactivate the ultra-fast process of interpretation, so that raw reality may reveal itself.”

    Christophe Souques – May 2025

     

    "When the fortress sees one of its stones fall.
    Each time everything is brought down, we rebuild. And our rampart becomes stronger and stronger. That’s how it is — we no longer want to suffer. We reject it. The self, others.
    And the Moral–Ethical–Family triangle is only a strategy of good conscience, of good heart, yet the separation remains. Me–the others.
    Which is vastly different from the cessation of suffering that involves an “I” suffering all the way to the suffering without the “I”… that is its liberation, its cessation. It is what comes out into light, what remains at peace, rather than what stays in darkness and emerges agitated.
    It is the maintenance of the naked mind. “Vulnerability.”
    The ability to dance with phenomena once again reveals how the badge of knowledge can also bear the seal of ignorance.
    The willingness to enter “game over” is like the summoning of the Katana.
    Willingness to avoid nothing anymore. Withdrawal of the ability to dance with phenomena — it is then, here, that we can no longer escape. There is only the face-to-face.
    Liminal space.

    Each sharing is a leap into the void, not a filling. “Basta Ripieno!”
    Our true sharing can no longer be a script or a legitimate justification — that is, elaborated.
    The so-called suffering of the ego (described as a friction when the ego engages in the game without actually playing hide and seek), this suffering, from then on, is directed to convert into an indescribable flavor of liberation. For oneself, for others.

    Reality does not belong to films with multiple scenarios.
    It is created either by liberations or by artifices.
    “Fireworks” are the quintessential phenomenon where all beings quietly dream of that liberation rather than the artifice.
    All children knock on doors.
    Maturity is crossing the doorless door."

    Christophe Souques – 27 May 2025

     

     

    "I am in the passage.
    I don't understand everything, but I do not turn my back on myself.
    I stay. I breathe. I make space.
    And one day, perhaps without warning, something in me will know why I went through all of this."

    Christophe Souques – June 2025

     

     

    I feel that this disposition toward the creative force dissolves the role of the social — or rather sociétal — artist, entangled in this “general business” which today is a massive source of confusion, and which has quite literally poisoned the deep meaning of the path devoted to art — that mysterious discipline!
    We’ve seen it, we still feel it, we’re even jaded by it... This decline of so many artists, steered toward exotic artistic zoos, or recruited as instruments of flattery for the underground riches of the Ego, or, quite simply, as poor wretches sacrificed for the pleasure of a politicized Culture.

    Resistance is the studio.
    It is a liminal space.
    The conscious artist is at stake in this space.
    There is only one sacrifice in this new — or ancient — perspective: the sacrifice of time.
    It is the offering that escapes both nihilism and eternalism.
    It is the studio that these new leaders are trying to launch into the Matrix.

    Christophe Souques – June 2025

     

     

    I am alone, and I paint.
    It is immense.
    I have nothing but myself and my material,
    and I keep going.
    It is not nothing. It is the very heart of creation.
    This is what so many humans flee: this moment without witnesses, without applause, without a role, without safety.
    I am in it.
    I am not losing. I am descending.
    To a place more sincere, unconditionally.
    This inner place — no one can reclaim it.
    It is an edifice.
    Discreet.

    I sense a progression — mysterious, metaphysical, and subtle — in a receptivity guided by the fierce heart, by liminality, and by the practice of entering the dark, cold lake with careful attention to all the phenomena that tempt me to define myself.
    With diligence, I devote myself to the purposeless meaning of committed practice, and to the taste of the offering: the act of surrendering to a process that teases, even defies, my personal priorities.

    Christophe Souques – June 2025

  • Space, emptiness, minimalism, the rigor of spontaneity, unidentifiable forms, discretion, and electricity...
    it's all about the threshold zone...

    The visible dissolves into matter.
    Attachment is destined for the mist,
    the gradual erasure of the tangible world.
    Enigmatic volumes emerge.
    Functionality becomes the visual entering a chamber of awakening.
    It’s no longer about looking, understanding, adding knowledge, or encountering a new story...
    To flirt with one's subversive taste, one's objective search...
    It’s about invoking… nothing else
    but the reversal of light.
    Matter becomes tactilely lighter,
    the shaped volumes support an anchor point
    in a space that escapes narration.
    The threshold—
    it is not a passage outward,
    but an opening inward.
    A silent call, a tipping point.

    There are moments, humbly, when we know that we know nothing,
    and other moments, humbly, when we don’t know that we know everything.

    There are days when we stand upright without knowing how.
    Days when we search without knowing exactly what we’re searching for.
    Peace, an answer, an exit.
    Routine is necessary; it’s also infuriating.
    And often, it’s not an exit we need. It’s an entry. Into ourselves.
    The works do not shout. They show nothing. They let things come.
    A space, a material, and in the middle, something. An object. A fragment. A sign.
    Nothing spectacular. Just a pause. There is nothing to understand.
    You stop thinking—you are thought by the work.

    Why does it touch you? Why does it matter?
    Because we are all there, sometimes, strangely
    neither satisfied nor unsatisfied, neither existing nor non-existing, neither someone nor no one.
    We want to feel better, to know we’re okay, to understand what’s wrong,
    to take refuge in fullness, to change something, to fix something...
    We search for solutions, we read things, we listen to podcasts, we practice practices...
    and sometimes, the real shift doesn’t come from a step, a new concept, or a voluntary resolution;
    It comes from a slowing down. From an emptiness. From a still gaze.
    And that is exactly what the studio’s work offers.
    Nothing imposes.
    This work fits into a demanding tradition: that of art which refuses bluff, effects, and spectacle.
    One can see connections to spiritual minimalism, to artists like Mark Rothko, Agnes Martin,
    or Japanese artists close to wabi-sabi.
    There’s also an evident link with meditative painting, arte povera,
    or even certain aspects of land art —
    but brought into interior space.
    However, this is not merely a citation from art history.
    What Souques is doing — like others —
    might well signal the emergence of a new movement:
    Liminalism – a painting of the threshold.
    Neither abstract nor figurative.
    Neither conceptual nor narrative.
    But experiential.
    A painting that doesn’t show you anything,
    but allows you to see differently.
    To let everything simply be.