22 figurines (Bois, files, tissu, peinture )
DÉCLARATION
J'ai créé ces 22 figurines à une époque où j'étais véritablement abandonné à moi-même. Je pense que je vivais une vie sans but précis, mêlée au besoin de survie et à la désinvolture de choisir ce besoin dans des lieux inspirants.
Bien sûr, essayer de construire quelque chose ne faisait partie d'aucun projet… Je sentais mes recherches s'éloigner de tout harcèlement matérialiste et recevoir des prières d'attention lorsqu'il s'agissait des portes plus subtiles qui peuvent rapidement devenir le lieu des fantasmes les plus exquis…
J'étais engagé dans un travail d'approfondissement en groupe, un processus d'auto-observation où chacun pouvait partager ses propres observations à travers des leçons et des commentaires reçus, puis éventuellement appliqués à différents niveaux de compréhension. On peut dire c'était un travail de démentèlement de son Ego, ou l'approche d'une vue claire englobant la fragmentation de son être. Ce travail individuel en collectif organisé en réseau confidentiel révélait le centre magnétique par le partage : Les 100 Jours. Dans mon errance, ce travail m'a permis de rester honnête avec moi-même, encore et encore, plutôt que de rêver d'être quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre en m'isolant dans des identifications récurrentes à toute chose.
Et puis, honnêtement, à quoi bon faire des plans et se gaver de désirs d'expérience dans une matrice de plus en plus complexe, mystérieuse, illusoire et impitoyable ? Autant attendre que tout se lève, que l'aube soit réelle, que les paysages préoccupés entrent en collision avec ceux indéfinis…
La rivière peut-elle respecter le programme ?
A cette phase de ma vie, c'est aux ''Baillessats'' que j'ai dérivé .. Un petit hameau dans les montagnes des Pyrénées orientales, plus exactement vers le village deCubières sur Cinoble près de la montagne Bugarach, un lieu chargé de la nature paisible et électrique, un lieu ou très vite ce qui est doux peut devenir dur et vice versa. il y a des chevaux majestueux là bas... des rapaces, des aigles aussi, des chouettes...les animaux ne sont pas morts.
J'ai installé un campement, sur les terres d'un Homme, un allemand qui possédait plein de terre et de chevaux, et qui, en échange d'un petit travail pour lui, qui consistait à ramasser les crottes de ses chevaux dans les prairies et les bois, il me laissait un coin de terre pour vivre cette vie sans salaire et sans loyer..
Sincèrement, je me suis mis à l'ouvrage, je me suis organisé un campement avec tout ce que je pouvais et avec mes tapis, la seule chose qui m'intéressait d'avoir...
Cette survie est devenue si romantique..
Puis un jour, j'ai trouvé un grand bâton près d'une rivière...près d'un pont romain précisément.. J'étais émerveillé par cette trouvaille, qui de l'extérieur n'avait rien de spéciale voir même était d'une banalité encombrante. Je l'ai pris ce bâton, je l'ai ramené avec moi, il portait déjà en lui une richesse qui n'était pas visible.. Je le sentais. J'étais déjà à son service.
C'est alors que, à peine rentré dans mes quartiers loin de tout, j'ai très vite demandé à mon propriétaire original, quelques outils et je me suis mis au travail. J'ai coupé le bâton en 22 parties plus au moins égales... et durant les 5 jours et les 5 nuits qui ont suivi, j'étais en prise d'une force créative puissante, puissante de savoir exactement ou aller sans rien savoir du tout.. ...un véritable rituel, un véritable relâchement de direction..qui demandait des actes précis, et sauvages à la fois, sans limite de temps, sans recherche d'un résultat, d'un message, d'une culture... 22 figurines sont apparues de ce bâton que j'avais sectionné en 22 morceaux.
Graduellement chacune naissait de sa propre correspondance avec les jours, les nuits, des aurores si naïfs aux crépuscules inquiétants, des midis vifs, des nuits noires compactes, des instants aveuglants, chacune arrivait avec une dignité et une expression impartiale de profonde sagesse.. .. J'étais captivé par leurs statures, à leur donner vie et je prenais un tel soin en les créant, faisant apparaître des propres codes, des grimages sur les parties incurvées évoquant comme une fécondité.
C'était avec un drap rouge que j'avais, un tissu impeccable, qu'elles allaient se partager la magie, se revêtir et répondre à une question primordiale:
Si toute cette fragmentation n'est qu'Un, comment allez vous jouer?
Statement
I created these 22 figurines at a time when I was truly left to myself. I believe I was living a life without any clear purpose, mingled with a need for survival and a carefree attitude that led me to pursue that need in inspiring places.
Of course, trying to build something wasn’t part of any plan… I felt my explorations drifting away from any materialistic pressure and receiving prayers of attention when it came to those subtler doors that can quickly become the playground of the most exquisite fantasies…
I was engaged in a group-based deepening process—self-observation work where each person could share their own insights through lessons and feedback received, and eventually applied on different levels of understanding. You could say it was a dismantling of the Ego, or an approach to a clearer vision encompassing the fragmentation of one’s being. This individual work, carried out in a collective within a confidential network, revealed the magnetic center through sharing: The 100 Days. In my wandering, this work helped me stay honest with myself, again and again, rather than dreaming of being someone or something else by isolating myself in recurring identifications with anything and everything.
And then, honestly, what’s the point of making plans and gorging on desires for experience within an increasingly complex, mysterious, illusory, and ruthless matrix? Might as well wait for everything to rise, for the dawn to be real, for the preoccupied landscapes to collide with the undefined ones…
Can the river respect the program?
At that point in my life, I drifted to "Les Baillessats"… a small hamlet in the mountains of the eastern Pyrenees, near the village of Cubières-sur-Cinoble, not far from the Bugarach mountain—a place filled with peaceful yet electric nature, a place where what is soft can quickly turn harsh, and vice versa. There are majestic horses there... birds of prey, eagles too, owls… the animals are not dead.
I set up a camp on the land of a man— a German who owned a lot of land and horses— and in exchange for a bit of work for him, which involved collecting horse droppings in the fields and woods, he let me live on a piece of his land, this life without salary or rent…
Truly, I got to work. I set up a camp with whatever I could gather and my rugs—the only things I truly cared to have…
That survival became so romantic…
Then one day, I found a large stick near a river… near a Roman bridge, to be exact. I was mesmerized by this discovery, which from the outside looked like nothing special, even a bit inconvenient in its plainness. I picked up the stick, brought it back with me—it already carried a richness within it, though invisible. I could feel it. I was already at its service.
As soon as I returned to my quarters, far from everything, I asked the landowner for a few tools and got to work. I cut the stick into 22 more or less equal parts… and during the following 5 days and 5 nights, I was seized by a powerful creative force—one that knew exactly where to go without knowing anything at all… a true ritual, a true release of direction… requiring precise yet wild gestures, with no time limits, no pursuit of a result, a message, or a culture… From that stick I had divided, 22 figurines emerged.
Gradually, each one was born from its own correspondence with the days and nights—naive dawns to unsettling dusks, sharp noons, dense black nights, blinding moments—each came with dignity and an impartial expression of deep wisdom… I was captivated by their postures, by the process of giving them life, and I took such care in their creation, bringing forth their own codes, markings on the curved surfaces evoking a kind of fertility.
With a red cloth I had—an immaculate piece of fabric—they would share the magic, be adorned, and respond to a fundamental question:
If all this fragmentation is but One, how will you play?